Dans les années 80, le secteur de la lunetterie, à son apogée, employait plus de 3.000 personnes dans le Jura, particulièrement à Morez. Après la fermeture de la plupart des grosses entreprises du secteur (L’amy, 500 salariés, Comotec, 900 salariés, Logo qui vient de fermer, 170 emplois) « il ne reste plus qu’un tissu d’entreprises de moins de 100 salariés, selon la CGT, n’employant environ qu’un millier de personnes au total. »
Le syndicat explique que « l’activité s’est recentrée essentiellement sur des niches (montures spéciales, lunettes de ski…) ou le haut de gamme. Désormais, en France, et particulièrement dans le Jura qui est le cœur de la lunetterie, ce sont des créateurs, des « designers », qui sous-traitent pour une bonne partie à l’étranger pour la production de masse, et sous-traitent dans le Jura pour la fabrication de lunettes à forte valeur ajoutée. Pour autant, l’activité globalement ne cesse de diminuer.«
La CGT exprime « une crainte supplémentaire », avec la fusion récente de l’Italien Luxottica, numéro un mondial de la lunette (montures) et du numéro un des verres optiques, le Français Essilor. « Après cette fusion, quid de ce qu’il reste des entreprises françaises ? » s’interroge le syndicat.
Et de rappeler que le secteur de Morez « dispose pour autant encore d’un certain nombre de savoir-faire, d’un lycée de l’optique réputé nationalement, d’un laboratoire (Alutec) financé notamment par les pouvoirs publics et qui permet aux entreprises du secteur de tester leurs produits et d’engager des recherches et de l’innovation.«
La CGT propose plusieurs solutions et exigences pour l’industrie de la lunetterie en France :
- Comme pour d’autres secteurs industriels, les aides publiques (CICE, crédit d’impôt recherche, exonérations de cotisations, aides de la région, etc.) devraient être assorties de conditions, et remboursées si les conditions ne sont pas remplies. Il faut donc un suivi de ces aides publiques.
- Regrouper les entreprises dans un « cluster » : plutôt que de se concurrencer, faire en sorte qu’elles travaillent mieux ensemble et soient complémentaires. Le laboratoire Alutec, financé par le Conseil régional, pourrait être le coordonnateur/animateur de ce cluster.
- Avoir un vrai débat avec la sécurité sociale et les Mutuelles sur les lunettes et leur remboursement.
- Un contrôle plus sérieux sur la production qui s’affiche « Made in France », afin d’éviter la tricherie.
La CGT Bourgogne-Franche-Comté souhaite un lieu de dialogue social entre syndicats de salariés, syndicat patronal de la lunetterie et pouvoirs publics. Elle rappelle que ce dispositif avait été demandé en 2004 déjà, demande qui était restée sans réponse à l’époque.